La saison touristique 2024 a indéniablement marqué un nouveau départ pour le tourisme tunisien. Cette relance, fruit d’efforts concertés, positionne la Tunisie comme une destination de choix dans le bassin méditerranéen. Le défi sera maintenant de pérenniser cette dynamique positive pour les années à venir.
La saison touristique étant désormais terminée, la Tunisie peut se réjouir de sa situation, tandis que les professionnels du secteur nourrissent de grandes attentes pour l’avenir, au vu des excellents indicateurs enregistrés au cours des trois derniers mois.
En effet, le secteur du tourisme en Tunisie a enregistré une nette reprise au cours de la saison actuelle, avec des recettes atteignant 4,53 milliards de dinars, soit 1,3 milliard de dollars, depuis le début de l’année jusqu’au mois d’août 2024, selon les données de la Banque centrale. Cela représente une augmentation de 6,7 % par rapport à la même période de l’année dernière désignée comme étant une année touristique réussie.
Ce retour en force s’explique par plusieurs facteurs, notamment la diversification des marchés émetteurs, l’amélioration des infrastructures et une politique de promotion touristique plus ciblée. La diversification des marchés émetteurs a été l’un des piliers de cette stratégie. En plus des touristes européens et algériens traditionnels, la Tunisie a su attirer des visiteurs venus d’Europe de l’Est et d’Asie, grâce à certaines campagnes promotionnelles adaptées et à l’élargissement de l’offre touristique.
Autant rappeler également que la saison 2024 a été marquée par l’inauguration de nouvelles infrastructures hôtelières, rendant la destination plus accessible et plus attrayante. L’amélioration des services dans les aéroports et les ports internationaux a permis également d’accueillir un plus grand nombre de vols et d’améliorer l’expérience des passagers.
En parallèle, les zones touristiques comme Djerba, Hammamet et Sousse ont vu la rénovation de plusieurs établissements existants. Ces investissements ont non seulement amélioré la qualité des services offerts, mais ont également créé des milliers d’emplois.
C’est ce que confirme Aymen Rahmani, directeur des études et de la coopération internationale à l’Office national du tourisme tunisien (Ontt) qui a rappelé que notre pays a accueilli environ 5,8 millions de touristes depuis le début de cette année jusqu’à la fin du mois d’août. « Mais les chiffres doivent être actualisés après la fin de la saison », a-t-il dit à La Presse.
Rahmani a précisé également que le nombre d’arrivées au cours de la même période a enregistré une croissance de 6,7 % par rapport à la même période en 2023 et en 2019. Il a ajouté que les recettes touristiques ont dépassé les 4 milliards de dinars, enregistrant ainsi une croissance de 6,5 % par rapport à la même période de l’année dernière.
S’agissant des zones les plus fréquentées par les touristes, les gouvernorats de Sousse et de Nabeul restent indétrônables grâce aux stations balnéaires sur les côtes des villes de Sousse et de Hammamet. Ils sont suivis certainement par l’île paradisiaque de Djerba qui a connu une augmentation du nombre de touristes étrangers et locaux durant cette récente saison estivale.
Grand retour des marchés classiques
Pour sa part, Hedi Ben Hammouda, expert en tourisme, a déclaré à La Presse que la Tunisie connaît, en effet, cet été une reprise remarquable du secteur du tourisme, avec une augmentation des revenus provenant de l’étranger mais aussi au niveau local, faisant de la Tunisie l’une des principales destinations touristiques d’Afrique et de la Méditerranée.
Il a souligné que même si les jeux olympiques en France et la Coupe d’Europe en Allemagne auraient pu impacter les entrées touristiques en Tunisie, notre pays s’est positionné comme une destination de choix pour de nombreux touristes.
«L’une des destinations touristiques qui ont connu une grande reprise est la ville côtière de Sousse, alors que les touristes tunisiens occupent la première place en termes de nombre d’arrivées, suivis par le marché algérien qui se classe deuxième parmi les marchés touristiques. On peut souligner également le retour notable des marchés classiques tels que les marchés français, britannique et allemand», a-t-il fait savoir.
Et d’ajouter que loin du tourisme traditionnel et du tourisme balnéaire pour lesquels la Tunisie est connue, le tourisme alternatif dans les zones rurales et le tourisme thérapeutique ont également prospéré durant cette saison.
Dans ce sens, on souligne la question des services offerts aux touristes et la nécessité de les améliorer pour répondre à une clientèle locale et étrangère de plus en plus exigeante, d’autant plus que le tourisme intérieur souffre de plusieurs manquements.
Notre interlocuteur souligne en revanche la nécessité de séduire une clientèle étrangère disposant d’un fort pouvoir d’achat et de limiter progressivement le modèle du ALL Inclusive, «puisqu’en moyenne, les dépenses des touristes en dehors des hôtels ne sont pas assez importantes en comparaison à d’autres pays et cette année n’a pas fait l’exception».
Une stabilité retrouvée
Après une période d’instabilité politique et sécuritaire, la Tunisie a réussi à rétablir un climat de confiance. Les efforts du gouvernement pour renforcer la sécurité et stabiliser la situation politique ont porté leurs fruits, rassurant les tour-opérateurs et les touristes potentiels.
Cependant, le défi majeur reste de transformer cette relance marquée par deux saisons touristiques réussies, en un succès durable, en continuant à innover et à s’adapter aux évolutions du marché touristique mondial.
La Tunisie a prouvé sa résilience et sa capacité à se réinventer ; elle dispose désormais de tous les atouts pour consolider sa position et faire du tourisme un véritable moteur de son développement économique et social à long terme. Si cette relance témoigne non seulement de la capacité du pays à rebondir après des crises, mais aussi de son potentiel à redevenir une destination touristique de premier plan, la Tunisie est toujours appelée à innover, à diversifier son offre et à valoriser son patrimoine culturel et naturel, tout en assurant un développement durable de ce secteur clé de son économie, sans oublier certainement le tourisme local.